dimanche 27 février 2022

Déclaration obligatoire des oiseaux de proie morts ou blessés et rapports eBird

Vous avez sûrement songé quoi faire lors de la découverte d'oiseaux de proie morts ou blessés. Devez-vous informer les autorités ? Pouvez-vous documenter l'observation dans eBird ? Cet article pourra répondre à ces questions et bien plus.

Tous les oiseaux de proie trouvés morts ou blessés doivent être déclarés sans délai à un agent de protection de la faune en contactant le bureau de leur secteur ou encore S.O.S. Braconnage au 1-800-463-2191, le tout en vertu de l’article 68 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et de son Règlement sur les animaux à déclaration obligatoire. De plus au lien suivant vous avez des informations supplémentaires sur la façon de procéder sur le site internet de l’UQROP (Union québécoise de réhabilitation de proie) : https://uqrop.qc.ca/fr/rehabilitation/un-oiseau-de-proie-blesse.

Au Québec, on retrouve 27 espèces d’oiseaux de proie diurnes et nocturnes de deux grandes familles les tytonidés et les strigidés. Il y a 16 espèces d’oiseaux de proie diurnes : Aigle royal, Pygargue à tête blanche, Balbuzard pêcheur, Urubu à tête rouge, Petite Buse, Buse à épaulettes, Buse à queue rousse, Buse pattue, Épervier brun, Épervier de Cooper, Autour des palombes, Busard des marais, Crécerelle d’Amérique, Faucon émerillon, Faucon pèlerin, Faucon gerfaut.  

Il y a aussi 11 espèces d’oiseaux de proie nocturnes : Petit-duc maculé, Grand-duc d’Amérique, Hibou moyen-duc, Petite Nyctale, Nyctale de Tengmalm, Hibou des marais, Chouette rayée, Chouette épervière, Chouette lapone, Effraie des clochers, Harfang des neiges. À noter, certaines espèces dans la liste des oiseaux de proie nocturnes ont été observés à chasser de jour.

La rédaction de cet article fait suite à une expérience que nous avons vécue le 8 février 2022, au RécréoParc de Ville Sainte-Catherine. Une personne est venue à notre rencontre pour nous informer qu’il avait vu un petit rapace inanimé dans un banc de neige à proximité, sans en connaître l’espèce.

Nous sommes partis à sa recherche pour finalement le retrouver en fin d’après-midi. Il s’agissait d’une Petite Nyctale décédée, elle était face contre la neige et autour d’elle il n’y avait aucune trace de lutte ou d’un animal qui aurait pu la transporter à cet endroit.


La Petite Nyctale a été retrouvée au pied d’une série de gros vinaigriers, non loin de l’ancienne Place Laterrière où on retrouve à cet endroit un regroupement de plusieurs cèdres et d’épinettes. Suite à sa découverte, nous avons envoyé un courriel à S.O.S. Braconnage (centralesos@mffp.gouv.qc.ca).  

Étant donné qu'il est membre bénévole pour le transport les oiseaux de proie pour l’UQROP, Lucien a apporté la Petite Nyctale à la clinique de Saint-Hyacinthe pour qu’une nécropsie soit faite sur celle-ci, afin de connaître la cause de son décès.

La nécropsie a lieu 9 février 2022 au Centre régional du Québec, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal à Saint-Hyacinthe, par un pathologiste. Voici quelques informations au sujet de l'oiseau décédé :

- Un mâle de deuxième année avec un poids de 56g;

- La Petite Nyctale serait morte de faim suite à une période d’inanition prolongée; elle était en mauvais état corporel, les réserves de gras sous-cutanés et coelomiques étaient absentes et il y a une atrophie sérieuse complète des graisses péricardiques.


Voulant savoir si la présence d’une Petite Nyctale était une rareté au RécréoParc, nous avons consulté la liste des rapports eBird du RécréoParc de Ville Sainte-Catherine.

À ce parc, il y a 259 espèces observées et la Petite Nyctale ne s’y trouve pas. Étant donné la rareté de cette découverte et le fait qu’elle s’est rendue dans ce parc par elle-même avant sa mort, nous avons cherché à savoir si on pouvait ajouter la Petite Nyctale comme une nouvelle espèce observée au RécréoParc.

Une vérification auprès de l’une de nos membres qui est aussi réviseur pour la région de Laval - Suzanne Labbé - nous a permis d’apprendre qu’on ne pouvait pas ajouter un oiseau mort dans un rapport eBird. À ce sujet les instructions dans eBird concernant quoi NE PAS inclure sont comme suit : 

- Les œufs

- Les oiseaux morts

- Les oiseaux captifs : n’inscrivez pas les oiseaux en cage ou les gibiers d’eau qu’on empêche de voler; par exemple, lors de la visite d’un zoo extérieur, vous pouvez compter les oiseaux sauvages mais pas ceux qui font partie du zoo ou d’une autre collection

- Les oiseaux domestiques échappés : n’inscrivez pas les volailles domestiques, les oiseaux utilisés en fauconnerie ni les oiseaux de compagnie (même s’ils sont en liberté) s’ils n’ont pas de populations sauvages établies

Pourquoi eBird n’accepte-t-il pas des mentions d’oiseaux morts, captifs ou télédétectés ?

eBird est conçu pour les mentions d’oiseaux sauvages vivants versées par les observateurs eux-mêmes. Lorsqu’ils exploitent les données eBird à des fins de science et de conservation, les chercheurs supposent que les observations ont été recueillies plus ou moins selon le même procédé (c’est-à-dire que tous les oiseaux étaient vivants et ont été observés directement là où ils se trouvaient). Le procédé de détection des oiseaux morts ou captifs ou à l’aide d’Internet est trop différent de l’observation en personne pour que nous puissions regrouper tous ces types de mentions dans notre base de données scientifiques.

Les mentions d’oiseaux morts en particulier ne permettent pas de savoir où et quand l’oiseau était encore vivant, des détails essentiels pour notre équipe scientifique et pour les autres chercheurs qui effectuent des analyses à partir des données eBird. 

Tant que la base de données eBird ne permettra pas de prendre en compte ces différents procédés de détection, veuillez donc vous limiter aux mentions d’oiseaux sauvages vivants.

Le seul temps qu’un oiseau mort peut être alimenté dans eBird, c’est lorsqu’il ajoute au patrimoine provincial, par exemple :  https://ebird.org/qc/checklist/S40093545.

Merci à Suzanne Labbé pour ces informations ainsi qu'à Alain Bessette pour l'édition de ce texte. Au plaisir de vous revoir sur le terrain !

Nicole Guénette, Vice-présidente

Lucien Lemay, Directeur des communications du club des ornithologues de Châteauguay

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